Search
Generic filters

Combien coûtent les déchets ménagers en Corse (2023) ?

La gestion des déchets en Corse : Bilan des coûts 2023

Depuis 2021, les 19 intercommunalités de Corse élaborent leur matrice des coûts. Ce système, développé par l’ADEME (Agence de la transition écologique), permet de calculer précisément les dépenses liées à la gestion des déchets et de comparer les performances locales avec celles du reste du pays.

En novembre 2024, l’ODEM a publié son rapport sur les coûts pour l’année 2023, offrant une vue d’ensemble des dépenses par habitant, par type de déchet et par territoire. Ces données permettent aux collectivités d’améliorer leur efficacité, tout en s’adaptant aux spécificités insulaires.

Consultez le rapport : Référentiel 2023 des coûts du SPGD en Corse

Rappel de l’organisation du service en Corse

En Corse, les Intercommunalités décident de la politique de collecte et traitement des déchets à déployer sur leur territoire. Elles mettent à disposition les bacs et bornes de tri, les conteneurs pour les poubelles et assurent la collecte des ordures ménagères et du tri. 

Les intercommunalités ont choisi de transférer la partie « traitement » au SYVADEC : celui-ci réceptionne les flux collectés par les intercommunalités ou amenés par les usagers sur ses installations (recycleries, quais de transfert, centres de regroupement du tri), recycle les déchets triés et enfouit les déchets résiduels.

Coût moyen en Corse : une hausse marquée

En 2023, le coût aidé moyen de gestion des déchets en Corse était de 306 €HT (314 € TTC) par habitant, soit une augmentation de 7 € par rapport à 2022. Pourtant, la quantité de déchets collectés a diminué de 33 kg par habitant (629 kg/habitant en 2023). Cette hausse est due principalement à une augmentation des coûts de collecte de l’ordre de +6 € par habitant.

Pour rappel, le coût aidé représente le coût net de gestion des déchets, c’est à dire l’ensemble des charges (collecte, traitement etc) auxquelles ont été retranchées les recettes (ventes de matériaux sur les marchés, soutiens des éco-organismes etc)

Des disparités importantes entre intercommunalités

Analyse par habitant :

Les coûts varient considérablement selon les zones de Corse, de 176 € HT à 553 € HT par habitant.

  • Jaune : typologie touristique
  • Violet : typologie mixte rural
  • Vert : typologie urbain
  • Vert clair : typologie rural

Cette différence est due à :

  • Impact touristique : plus les quantités de déchets produites par intercommunalité sont élevées, plus les coûts de gestion des déchets par habitant permanent vont augmenter ;
  • Type de déchets générés : Plus les ordures ménagères résiduelles (OMR) sont nombreuses par rapport aux déchets triés, plus les coûts augmentent.
  • Modes de collecte : Les collectes au porte-à-porte, fréquentes et adaptées aux professionnels, sont plus coûteuses.
  • Infrastructures locales : Les intercommunalités dotées d'une ISDND (Installation de stockage de déchets non dangereux) réduisent leurs frais de traitement.
  • Fréquences de collecte : Une collecte plus fréquente augmente les coûts, notamment dans les zones touristiques.

Comparaison avec la moyenne nationale :

La Corse affiche des coûts plus élevés que la moyenne nationale :

  • Coût moyen en Corse (2023) : 306 € HT/habitant.
  • Moyenne nationale (2022) :
    • Tous types d’habitat : 106 € HT/habitant.
    • Zones touristiques : 174 € HT/habitant.
    • Zones mixtes rurales : 100 €HT/habitant.
    • Zones rurales : 100 €HT/habitant.
    • Zones urbaines : 103 €HT/habitant.

Ces différences s’expliquent par les grandes quantités de déchets produites, la géographie insulaire, le faible volume de déchets triés et la dépendance au transport vers le continent pour le traitement des flux recyclables.

Analyse par tonne :

Si on analyse le coût TTC ramené à toutes les tonnes de déchets produits, y compris gravats et compostage, le coût aidé est de 489 €TTC/t, en hausse depuis 2022 (451 €TTC/t).

Il est intéressant de remarquer que le classement des collectivités évolue, en effet cette lecture met en évidence les collectivités pour lesquelles les quantités collectées au regard des coûts de gestion des déchets.

Répartition des coûts en Corse : la collecte et le traitement comme dépenses principales

Le coût total de gestion des déchets en Corse en 2023 s’élève à 107,8 millions d’euros TTC. Voici comment il est réparti :

  • SYVADEC (traitement, transfert/transport + une partie des charges de communication et de prévention) : 42 %.
  • Intercommunalités (collecte, pré-collecte, structure + une partie des charges de communication et de prévention) : 58 %.

La décomposition de ce coût selon les différentes charges est la suivante :

  • Les charges de structure, précollecte et collecte (intercommunalité) représentent 56% des charges (51% au national).
  • Les charges de transfert / transport et traitement (SYVADEC) représentent 41% des charges (47% en national)
  • Les charges de communication et prévention (intercommunalité + SYVADEC) représentent 3% des charges.

Analyse du coût aidé par flux de déchets

Malgré des efforts pour réduire les quantités de déchets, la hausse des coûts montre que d'autres facteurs influencent les dépenses, tels que :

  • la quantité de déchets ménagers et particulièrement d’ordures ménagères collectée : globalement, les quantités de déchets produites en Corse ne sont pas supérieures à la moyenne des collectivités en secteur touristique mais la part des ordures ménagères est plus importante ;
  • au nombre de flux en porte-à-porte, à la superposition des dispositifs de collecte et aux fréquences élevées de collecte ;
  • au déploiement de services complémentaires : encombrants et service aux professionnels ;
  • aux performances de tri : lorsque les quantités collectées sont faibles, les coûts à la tonne sont élevés ;
  • à la géographie : l’insularité, la topographie (région montagneuse) et le réseau routier impactent les coûts de transport ;
  • aux variations de population liées au tourisme qui nécessitent des moyens techniques et humains adaptés au pic estival.

Coût aidé par flux en €HT/hab.

En €HT/hab., l’écart de coût par rapport à la moyenne touristique se fait sur le flux d’OMR, les emballages et les autres services de collecte (encombrants, services aux professionnels, biodéchets et cartons).

* Pour le papier et les emballages, le coût en €/habitant est le coût issu du référentiel national 2018 avec une collecte en porte à porte.

Coût aidé par flux en €HT/tonne

En €HT/t, les coûts à la tonne sont élevés pour tous les flux, notamment du fait des nombreuses collectes au porte à porte. Le coût à la tonne dépend aussi des quantités collectées.

* Pour le papier et les emballages, le coût en €/tonne est le coût issu du référentiel national 2018 avec une collecte en porte à porte. Pour l’ensemble des flux, pas de données nationales.

Evolutions par flux de déchets en €/hab. et €/tonne

Ces évolutions sont dues à :

  • Ordures ménagères résiduelles (OMR) : Augmentation des coûts par habitant et par tonne, en raison d’une hausse des charges de collecte et de traitement.

  • Verre : Coût stable par habitant, mais en hausse par tonne, à cause d’une baisse des volumes collectés.

  • Papier : Légère baisse des coûts par habitant, mais augmentation par tonne, liée à une forte diminution des quantités (-500 tonnes).

  • Emballages : Coûts stables malgré une augmentation des charges de collecte, compensée par des économies sur le traitement et le transport.

Quels leviers pour réduire les coûts ?

Pour limiter la hausse des dépenses, plusieurs pistes pourraient être explorées :

  • Améliorer le tri sélectif : Réduire la part des OMR permettrait de diminuer les coûts de traitement des OMR qui ne cessent d'augmenter, notamment via la TGAP. En outre, augmenter le tri permettrait de réduire les coûts à la tonne produite et de débloquer des recettes supplémentaires.
  • Optimiser les collectes : Réduire les fréquences de collecte en mettant à disposition des équipements de plus gros volume et repenser les circuits de collecte.
  • Professionnels : Limiter le service rendu aux professionnels et sortir la collecte des gros professionnels du service public de gestion des déchets
  • Mutualiser les services : Partager les équipements et optimiser les tournées de collecte entre intercommunalités.
  • Sensibiliser les habitants : Renforcer les campagnes de prévention et de tri.

Conclusion

Le bilan 2023 montre que la gestion des déchets en Corse reste un défi majeur, avec des coûts nettement supérieurs à la moyenne nationale. Des actions ciblées sur le tri, la collecte, la gestion des professionnels et la sensibilisation pourraient améliorer la situation à l’avenir.